LE REPOS de L'ÉQUIPAGE

I

Le terrain était vide et obscur. Dans les nefs des hangars, qui poussaient au fond de la nuit comme des végétations fabuleuses, les avions reposaient après leur dur travail. Ils avaient, tout le long du jour, depuis l'aube précoce jusqu'aux dernières clartés du soir, mené sur les lignes des hommes casqués de cuir, aux yeux vigilants et dont les mains ne quittaient point les crosses des mitrailleuses.

Les uns avaient dirigé, compté, porté au but les coups des grosses batteries aveugles, d'autres avaient haché les tranchées d'une grêle de feu, d'autres s'étaient battus dans le ciel tout fleuri de flocons funestes et traversé de gerbes rouges.

L'ombre avait étendu sur le champ grondant une paix instable et sans joie. Au loin des fusées montaient qui paraissaient très pâles, comme sous - marines.

Le bruit des canons roulait sans cesse, doucement, trop doucement. ( ... )

Extrait des pages n° 7 et n° 8.