Finition | Broché collé |
État du livre | Occasion, très bon état |
Année d’édition |
1992 |
Nbr. de pages | 258 |
Langue | Français |
Format |
16 x 23 x 3 cm |
Auteur | Colonel A.A. Legrand |
Éditeur | Jacques Grancher |
AVANT - PROPOS
Les pages qui suivent sont une poignée de souvenirs rappelés par ordre chronologique. Les faits sont strictement exacts. ( … ) Les sentiments qui s'en dégagent ont été partagés par la majorité des pilotes et des mécaniciens. Les mêmes joies, les mêmes peines, parfois les mêmes rancœurs ont été éprouvées par la quasi totalité des aviateurs dits " d'Afrique du Nord " après avoir été appelés « Les Chevaliers du ciel » en 1939 / 1940, par les journaux de l'époque.
Lors de la déclaration de guerre, l'aviation française ne comprenait, à quelque chose près, que quatre cents appareils, du Morane 406, déjà ancien, au Curtiss P - 36 américain. ( ... ) Pourtant, malgré une infériorité numérique incontestable, la chasse française abattit près de mille avions ennemis, 987 exactement, d'après les rapports officiels confirmés par l'ennemi après l'armistice de 1940.
La Royal Air Force n'a pas fait mieux lors de la fameuse Bataille d'Angleterre*. Ces mille appareils abattus ont cruellement manqué à la Luftwaffe, lors des attaques durant cette période cruciale pour nos amis. Si la R.A.F. a été, à juste titre, tant glorifiée, c'est que, derrière elle, tout un peuple admirait ses exploits et se sentait protégé.
( ... ) La chasse française, malgré ses effectifs ridiculement faibles, était toujours présente, contrairement à l'aviation de bombardement pratiquement inexistante, hormis quelques vieux coucous déclassés. La première sut " faire face ", selon la formule de Guynemer, au prix de 50 % de pertes. Les seconds partirent au massacre. Pourtant, ce sacrifice librement consenti par de jeunes hommes plein de courage et de fougue, passa totalement inaperçu dès le 10 mai 1940. Pour les troupes en déroute et la population affolée, tout appareil portait des Croix Noires. La hantise des parachutistes allemands et de la cinquième colonne ont plus d'une fois fait tuer des pilotes français suspendus à leur parachute, après qu'ils aient été abattus dans des combats désespérés et inégaux.
Lors de l'armistice, les restes de la chasse, refusant le déshonneur, se replièrent d'un coup d'aile en Afrique du Nord. À leur tête, les Commandants de Groupes, dont le courage et la foi en leur pays étaient indiscutables. Il n'a tenu qu'à la décision regrettable de Winston Churchill de faire détruire la flotte française le 3 juillet 1940, à Mers el - Kébir, de peur qu'elle ne passe à l'ennemi, que notre chasse, forte de plus de deux cents appareils, ne rejoigne l'Angleterre* via Gibraltar. La R.A.F. aurait reçu un renfort considérable lors de sa bataille héroïque, puis pour la suite des opérations. La marine française méritait plus de considération de la part des Anglais*, plus de confiance. Les aviateurs, ignorants des grandes idées des États - Majors, en l’occurrence ceux d'Alger, tombèrent dans un piège d'où ils ne purent se tirer qu'à coups de mitrailleuses.
Nos brillantes têtes pensantes firent le reste, sans pour autant en assumer la responsabilité. Les tragiques affaires de Casablanca, Rabat et autres, le 8 novembre 1942, n'auraient pas connu cette hécatombe de pilotes de chasse tant du côté français qu'américain. Nous fûmes tous trompés par ceux qui, de leurs bureaux confortables, eurent pour devise : " Habillons - nous et partez ".
( ... ) Ces souvenirs sont l'histoire parfois tragique d'un groupe de chasse de 1939 à 1945, et, dans ce groupe, d'un pilote comme les autres qui n'a fait que son devoir mais l'a fait tout entier, du moins le pense - t - il.
* L'auteur doit être soit amnésique, soit de très mauvaise foi ! Les pertes de la Luftwaffe furent bien plus importantes durant la " Bataille de Grande - Bretagne ". Bien que la plupart des opérations eurent lieues au - dessus de l'Angleterre, le pays de Galles et l'Écosse furent également touchés, mais dans une moindre mesure ( et c'est un euphémisme ).
* La Grande - Bretagne. Celle - ci est une île, dont l'Angleterre ne représente qu'une partie ( la plus importante, bien entendu ).
* Erreur typique de la plupart des francophones. Il faut dire les Britanniques ( les Gallois et les Écossais sont toujours oubliés ).